C’est un lieu très évocateur, presque un labyrinthe au pied des maisons à balustrade du quartier milanais des Navigli, composé de cours intérieures secrètes qui relient de petits bâtiments qui étaient autrefois des ateliers d’artisans. L’atelier, rénové par l’architecte Vittorio Gregotti dans les années 1980, conserve le charme d’un atelier d’artiste et ses espaces permettent de respirer l’idée de l’invention entendue comme intuition technique.
Voici ce que l’artiste dit de ses sphères:
« Dans ma sculpture, à l’intérieur de la forme du monde d’aujourd’hui, je mets la forme de la ‘ville idéale’ telle qu’elle était déjà pensée par les artistes de la Renaissance italienne. C’est là que se trouve mon espoir ou mon rêve, comme celui de tant d’autres citoyens du monde. Et cela est confié à l’institution qui représente les droits de l’homme. »
La sphère est un objet merveilleux, la sphère vient des sorcières, des magiciens, qu’elle soit en verre ou en bronze, qu’elle soit remplie d’eau; et la sphère est aussi le ventre maternel, je pense… La sphère est un objet extraordinaire car elle reflète tout ce qui l’entoure et crée des contrastes tels qu’elle se transforme parfois et disparaît, laissant apparaître son intérieur tourmenté et corrodé, plein de dents. Certains disent que c’est un élément qui peut être associé à la technologie, je ne sais pas, c’est une relation étrange… Tout ce qui se trouve à l’intérieur de la sphère est précisément l’énergie sous une forme. La sphère peut également représenter la terre; la sphère peut représenter le monde, le monde d’aujourd’hui… Qui peut être corrompu par la civilisation technologique. Je ne sais pas: je souhaite que, lorsque l’on regarde la sphère, cette vitalité soit présente à l’intérieur; et que l’on puisse également visualiser le fait que la sphère puisse se diviser, comme un champ de forces. Voici ce qui me pousse à créer des sphères: briser ces formes parfaites et magiques pour découvrir (chercher, trouver) leurs fermentations internes, mystérieuses et vivantes, monstrueuses et pures; ainsi, avec le poli brillant, je provoque un contraste, une tension discordante, une complétude faite d’incomplétude. Dans le même acte, je me libère d’une forme absolue. Je vais la détruire. Mais ensemble, je la multiplie. L’œuvre peut alors être lue continuellement, jour après jour; et c’est ainsi qu’elle acquiert, à mon avis, sa meilleure continuité: elle ne répond pas simplement à une consommation, mais plutôt à un besoin de découverte qui est en chacun de nous et qui, chez tous, est insatisfait par la mécanicité industrielle. Il est important que mes sphères puissent également être déplacées, tournées: elles ont ainsi « sous la main » la valeur de mouvement et de participation qu’elles ont dans la visualité.
Arnaldo Pomodoro «Sphere within a sphere» pour le siège des Nations Unies, Il Cigno Galileo Galilei, Rome, 1997, pp. 14-15. L’œuvre Sfera con sfera présente dans l’album de stickers Art et Science a un diamètre de 2 mètres et se trouve à Dublin, à la Berkeley Library du Trinity College. Il existe un exemplaire de Sfera con sfera (Sphère avec sphère) de 330 cm de diamètre installé en 1996 devant le Palais des Nations Unies à New York.